J'aime les glaces. C'est un peu flippant, de commencer une autobiographie par cette simple affirmation, mais les glaces jouerons un rôle prépondérant dans ma pauvre vie. Ma pauvre vie ; je romance un peu, vu qu'en fait, j'ai un peu une vie de rêve, que chacun de mes camarades de classe jalouse secrètement. J'aurais beau bafouiller un anglais hésitant, ne rien comprendre au cours, moi, j'ai toujours trois filles à mes pieds qui feraient tout pour me traduire mes cours, en échange d'un magnum à la tombée du soir et de quelques heures dans mon lit. C'est beau, la vie.

Pour revenir aux glaces, il y a toujours la première. De la même manière qu'on a son premier mot, sa première clope, sa première fois, j'ai eu ma première glace. Reconnu dans ma famille comme étant un élément de pêcher et de transgression, cet aliment était formellement interdit dans le domaine familial, au point qu'avant mes neuf ans, je n'en avais jamais mangé. Surprenant, me direz-vous, mais les règles sont strictes, et inviolables. Et mon père, s'il avait accédé aux nouvelles technologies qui peuplent le 21ème siècle, se serait largement lâché sur les caméras de surveillance, les micros, et autres, plutôt que de se contenter de notre vieille Mamita, que je salue, très affectivement. Heureusement, d'ailleurs, que Mamita nous faisait ses clafoutis aux cerises absolument extras, qu'elle m'envoie toujours par colis recommandés, malgré qu'il faille traverser l'atlantique. Sainte Mamita.
Enfin, pour mes neuf ans, je recevais, de la part de mes chers parents, l'autorisation d'inviter un camarade de classe à la maison. Certes, mon école primaire était particulièrement bourge et réputée, d'où l'impossibilité d'y trouver des gosses à problèmes. Cependant, certains avaient la chance d'avoir des parents peu présents, voire invisibles, au point qu'ils puissent faire tout et n'importe quoi. C'était notamment le cas de mon ami Gautier, très beau garçon, séducteur, avec qui je me plaisais à me venter, à prendre les autres de haut, comme je le fais aujourd'hui. Je l'invitai donc à mon anniversaire, et j'eu la grande surprise de le voir venir avec deux cornets de glace, 2 batonnets de sorbet, ainsi qu'un reste de crème glacée à la vanille. Il déposa notre butin dans ma chambre, et il s'avéra d'autant plus délicieux une fois légèrement fondu, par la chaleur qui régnait en ce 20 aoùt. On commença par la crème glacée, puis on mangea les cornets, et enfin, on fini par les sorbets. Et ma remarquable adresse me joua un tour, ce jour là, au point que je m'étrangle avec le batonnet, d'une façon qui m'échappe encore. On dû appeler mon père, resté au rez-de-chaussée, qui piqua une colère noire, avant même de penser à me sauver. Je m'en sortis finalement sans graves sequelles, et vous vous en rejouissez, je pense bien.